LGBT, Le point Afrique…
Le sujet est aussi vaste que peut l’être le continent africain. Il est impossible d’aborder la question de l’homosexualité sous un seul angle.
Cependant, depuis quelques semaines, les nouvelles sont mauvaises pour les homosexuels de certains pays, notamment en Ouganda et au Gabon. Même en prenant ces deux exemples de pays qui penchent vers de nouvelles formes de répression de l’homosexualité, les schémas répressifs s’appliquent avec des degrés si différents que, là encore, il est difficile de parler d’une seule catégorie d’états répressifs.

L’Homosexualité en Afrique aujourd’hui.
Un article datant de juin 2019 paru sur le site de TV5monde titrait “En Afrique, l’homosexualité encore largement punie“. Le continent est plein de contrastes sur le sujet, 16 pays considèrent l’homosexualité comme légale et, parmi les derniers à avoir rejoint ce camp, on trouve le Botswana. Ailleurs, les LGBT risquent l’emprisonnement, mais cela peut aller jusqu’à la peine de mort. Dans une même zone du continent, deux pays voisins peuvent appliquer des règles bien différentes. C’est le cas en République Démocratique du Congo, qui n’a prévu aucune loi particulière alors qu’à sa frontière sud les homosexuels risquent 14 ans de prison en Zambie. Seule l’Afrique du sud autorise les mariages entre personnes du même sexe. D’autres condamnent uniquement les hommes, alors qu’ailleurs, la répression est pour tous.
Ouganda, la loi “Kills the gays“
La traduction est claire, “Tuer les homosexuels“. C’est le nom d’un projet de loi. Déjà en discussion en 2009, puis 2014, il pourrait cette fois être adopté avant la fin de l’année 2019. Il imposerait la peine de mort aux personnes homosexuelles. “L’homosexualité n’est pas naturelle pour les Ougandais, mais il y a eu un recrutement massif de gays dans les écoles, et particulièrement parmi les jeunes“ c’est avec cette déclaration que Simon Lokodo, ministre de l’éthique, évoque l’homosexualité, et donc, souhaite avec sa nouvelle loi en “freiner l’augmentation“. La législation depuis 2014 punit pourtant l’homosexualité d’une peine de perpétuité.
Le Gabon: De pas de règles à 6 mois d’emprisonnement.
6 mois d’emprisonnement et 5 millions de Francs CFA, pour tout acte matérialisant un rapport sexuel entre personnes de même sexe. C’est la nouvelle règle qui s’applique désormais au Gabon.
Nos questions à Jann Halexander
(Chanteur, acteur et réalisateur franco gabonais)
Nous avons choisi à Wag de poser nos questions à l’artiste Jann Halexander. Le chanteur, acteur et réalisateur est franco gabonais, il est bisexuel, et la question LGBT l’intéresse, et plus encore lorsqu’elle touche au pays qui partage ses racines, le Gabon.

Bonjour Jann Halexander, ne pensez-vous pas que la question de l’homosexualité, notamment au Gabon, est une manière pour les gouvernements de détourner l’attention?
Complètement. La pauvreté a augmenté, la corruption bat des records et le gouvernement avec la complicité d’une partie du mouvement évangélique détourne l’opinion et trouve des boucs-émissaires. C’est une technique dégradante vieille comme le monde.
Dans son histoire, quelle attitude l’Afrique a-t-elle eu avec l’homosexualité?
Le mot ‘homosexuel’ est un mot récent. Mais la pratique est là depuis longtemps, des siècles et des siècles en Afrique. Avec une tolérance relative selon les époques, les lieux, les tribus. Le sociologue camerounais Charles Gueboguo a étudié avec courage et érudition cette question.
Les politiques d’aujourd’hui ne manipulent-ils pas les opinions publiques?
Oui, de tout temps mais il y a comme une sorte d’accélération actuelle. Parce que le bateau coule, de nombreux gouvernements en Afrique francophone sont comme des coquilles vides où des ministres corrompus essayent de gagner du temps pour sauver leur peau, et surtout leur compte en banque. Pour gagner du temps, on manipule les gens.
Dans beaucoup de pays, ne trouve-t-on pas les évangéliques à la manœuvre? Depuis une dizaine d’années des militants américains évangélistes diffusent en Afrique leur haine de l’homosexualité.
Oui, c’est un jeu dangereux dont on voit les effets au Brésil ou en Ouganda qui peut se retourner contre eux. Car ce qu’on retiendra dans l’histoire, c’est que des mouvements évangéliques ont mis au pouvoir des gouvernements fascistes, autoritaires qui servent leur idéologie au mépris des conséquences socio-économiques. À moyen terme sans doute des millions de citoyens leur demanderont de rendre des comptes, et je reste poli.
Retrouve-t-on ces thèmes, et votre relation avec le Gabon, dans votre travail d’artiste? Je crois que vous serez bientôt sur scène pour ceux qui souhaitent découvrir votre univers?
Oui, depuis mes débuts, j’y ai tenu, ce n’était pas forcément compris ou accepté. Les choses ont un peu changé. Je viens de terminer avec succès les prolongations du show ‘Du Gabon à la Russie’ à Paris, je chante à Aix, Limoges, Nantes dans les semaines qui viennent.