Les mélodies cosmiques de Luke Anger
Ancien membre de Birdy Hunt puis musicien pour Joseph Chedid ou Crayon, Luke Anger a publié le 15 mai son premier album éponyme. Un projet envoûtant qui mixe electropop, jazz, hip-hop et coldwave.

Après une belle carrière dans de nombreux groupes, vous publiez Luke Anger, votre premier album. L’heure d’être seul à bord a donc sonné?
Oui, certainement. La parution de ce premier album solo survient à un moment précis de ma vie. J’ai joué, comme vous le précisez, dans de nombreux groupes et je pense qu’est venu aujourd’hui pour moi le moment de m’exprimer en solo. Ce qui est étonnant, c’est que tout s’est réalisé rapidement et très instinctivement pour cet album. J’y ai travaillé début septembre 2018 et sur une période de 3-4 mois, tout était quasi-conçu, ce qui est relativement court. Le mixage, le mastering ont suivi dans la foulée. Au vu de la réalisation express de ce disque, il faut croire que je portais en moi ce projet depuis bien longtemps pour que ce soit aussi fluide.
Il s’agit d’une autoproduction. D’ou vous vient ce besoin d’indépendance?
Effectivement j’ai travaillé seul, chez moi. Je mentirais si je disais que des collaborateurs et des amis ne m’ont pas épaulé dans le processus de création mais globalement l’opus a été créé de manière très instinctive et indépendante. Etre livré à moi-même a fait parti du processus de création car j’aime me sentir aux manettes d’un projet. Ne pas dépendre d’un label ou d’une quelconque structure vous dégage de certaines contraintes et attentes qui vous bloquent dans votre élan créatif. Sans être un choix délibéré de ma part, cela correspond à mon envie d’être libre, d’aller à mon propre rythme.
La notion du temps est très prégnante dans l’album. Le présent, le futur et le passé s’entremêlent, le tout dans une atmosphère nostalgique. Pourquoi le choix d’une telle thématique?
Il n’y avait rien de prémédité et certainement pas l’idée au préalable d’écrire sur une thématique précise mais j’étais clairement, durant la création, dans une période de reconstruction, dans un renouveau. Ce changement fait forcément écho à la notion du deuil, à entrevoir l’aspect éphémère des choses, aux souvenirs. J’ai alors pris conscience des notions d’espace et temps qui se consomment. Ce fut un vrai débat intérieur au final, et il fut parfois compliqué de composer sur ces notions malléables.
Votre clip Éléa se déroule au cimetière du Père-Lachaise. Là encore on touche à une certaine temporalité voire intemporalité …
C’est une idée qui vient de moi. Le cimetière représente forcément quelque chose de daté dans le temps. Dans ces endroits, on se confronte à soi, on s’y perd, on regarde en arrière, on y prend du recul aussi. Et prendre du recul permet incontestablement de se retrouver soi. C’est totalement cohérent avec les paroles du titre. La plupart de mes clips a été réalisée par moi-même. Celui de L’été la nuit fut supervisé par Franck Gelabert. Là encore je m’attelle à la réalisation car cela me permet d’aller à mon rythme et de ne pas dépendre des éventuelles lourdeurs d’une production ou contraintes de budget.
Des labels se rapprochent-ils de vous à l’orée de la parution de l’album?
Oui. Quelques labels m’ont contacté. Je travaille aussi avec un distributeur mais pour cet album il y avait vraiment l’envie d’être indépendant. Passé ce galop d’essai, j’aviserai en fonction de ce qui se présente à moi, des rencontres qui se profileront. Je ne suis jamais fermé à des collaborations mais cette expérience en solitaire était nécessaire pour moi. Après je suis très heureux de voir que des labels, des journalistes comme vous ou encore Radio Nova, me sollicitent et souhaitent faire écho de mon premier disque.

Vous avez travaillé avec Alex Gopher sur cet album. Comment s’est déroulée la collaboration?
J’ai eu la chance de travailler dans ses studios pour le mastering de l’album. J’ai passé quelques journées à ses côtés et nous avons bien accrochés ensemble. J’ai été ravi qu’il me conseille, me donne quelques contacts car rien ne l’y obligeait. Il m’a notamment mis en relation avec l’agence de RP Records Maker, avec l’équipe PanEuropean Recordings. Alex a clairement senti mon univers et c’est plutôt agréable de le savoir.
La prochaine étape est donc de parcourir les scènes françaises pour promouvoir Luke Anger. Impatient?
Totalement impatient et j’y travaille. J’entre en résidence à l’EMB Sannois ces prochains jours pour penser la tournée. Là encore je sens beaucoup de soutiens de la part des professionnels. Des tourneurs m’ont contacté et cet automne j’espère qu’une vraie tournée sera dessinée C’est stimulant. L’aventure se poursuit donc et tout en défendant ce premier album dans les mois à venir, j’ai déjà en tête le second. J’entrevois ses prémices, j’y réfléchis beaucoup.
