Gaston RE est au cinéma dans le Colocataire et en interview dans WAG

Le Colocataire est ton second film avec Marco Berger après une première apparition dans Taekwondo. Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le réalisateur ?

Le Colocataire est mon troisième film avec Marco Berger. On a tourné ensemble « Taekwondo » en 2016, après on a tourné un documentaire/fiction sur le carnaval en Argentine qui s’appelle « El fulgor », actuellement en post-production et en dernier on a tourné « Le Colocataire » en 2017. Avec Marco on s’est rencontrés pendant le casting du film « Taekwondo ». Nombreux comédiens se sont présentés, et seulement 9 ont été retenus. Après le tournage de « Taekwondo », on est devenus amis. Quelques temps plus tard, lors d’un voyage, on s’est dit qu’on voulait continuer de travailler ensemble, Marco s’amusait à dire que » j’étais un bon comédien malgré mon physique de garçon publicitaire! ». On a réfléchit à des idées de films et quelques jours plus tard, il m’a dit qu’il allait écrire un film pour moi et que mon personnage n’allait presque pas parler. Avec Lucas Papa, l’un des protagonistes de « Taekwondo », on s’est chargés de la production du film.

Affiche Le colocataire, un film de Marco Berger, au cinéma en France le 1er juillet 2020. Gaston Re en interview dans WAG, cinéma LGBT
affiche Le Colocataire

Les films de Marco Berger transpirent le désir entre hommes. La sensualité et l’érotisme y tiennent une place très importante. Est-ce difficile en tant qu’acteur de se fondre dans cet univers ?

Je ne crois pas qu’il soit difficile de se fondre dans cet univers lorsque l’on tourne avec un réalisateur comme Marco. Il est très clair dans ce qu’il veut et dans l’ambiance qu’il veut créer. Il sait travailler chaque détail. Il a beaucoup d’expérience et il est très intelligent lors d’un tournage. Et le plus agréable, c’est qu’il pense beaucoup aux comédiens. Il cherche constamment à ce que les acteurs se sentent bien sur scène car, selon lui, au-delà de la technique, si un film n’est pas bien joué, aucune situation n’est possible.

La réussite du Colocataire tient en grande partie dans le duo que tu formes avec l’acteur Alfonso Baron, Juan à l’écran. Vous connaissiez vous avant le tournage ? Comment était l’ambiance sur le plateau ?

Avant le tournage, on ne se connaissait pas. Je l’avais vu jouer dans une pièce de théâtre à Buenos Aires et j’ai vraiment aimé son énergie. Marco l’avait également vu et on s’est dit qu’il pouvait parfaitement incarner le personnage de Juan. Sur le plateau, on s’est très bien entendu. C’est un acteur généreux qui écoute attentivement les directives du réalisateur. J’aime travailler avec des gens comme lui. On était, tous les deux, très sensibles à la situation et à très à l’écoute du réalisateur.

Bande annonce.

Des films aux thématiques LGBT nous arrivent de plus en plus régulièrement depuis l’Argentine et ses pays voisins. Souvent la qualité est au rendez-vous. Pourquoi le sujet intéresse-t-il les réalisateurs d’Amérique du sud ?

Je ne pense pas que le sujet intéresse plus qu’auparavant, je pense juste qu’il y a plus de liberté et, aujourd’hui, la question de l’homosexualité, comme la légalisation de l’avortement, sont des luttes très fortes en Amérique du Sud. Ici en Europe, ce sont des sujets qui ont été discutés depuis plus longtemps. Marco Berger a été l’un des premiers à parler de l’amour entre hommes et à filmer l’homme comme un objet de désir. Je pense qu’il a ouvert la voie à beaucoup d’autres réalisateurs. Marco a une capacité d’ « objetiser » le corps de l’homme. Plusieurs fois, je l’ai entendu dire « pourquoi sommes-nous si habitués à voir les corps nus des femmes? Pourquoi je ne pourrais pas faire avec les hommes, la même chose que cette société machiste fait avec les femmes? » et c’est ainsi qu’il a « créé » des plans qui, à l’université de cinéma à Buenos Aires, portent son nom. Le fameux « plan Berger ».

Aujourd’hui tu es en France ? Quels sont tes désirs pour ta carrière ? As-tu des projets en cours, notamment en France ?

Aujourd’hui je suis en France et je souhaite y rester. Pour ma carrière j’ai très envie de jouer et de créer. J’ai un projet de théâtre en cours, une pièce sur une histoire vraie d’un auteur argentin que j’ai écrite avec ma compagne. J’ai quelques propositions pour jouer au cinéma et un éventuel futur nouveau projet de film avec Marco Berger en France.

Photo de l'acteur argentin Gaston Re
Gason Re © Marie-Claire Véricel

Si tu devais choisir trois réalisateurs, avec lesquels aimerais tu travailler ?

Si je devais choisir trois réalisateurs et me laisser rêver un peu, je mourrais d’envie de travailler avec les Frères Dardenne (un rêve que j’ai depuis longtemps), avec Pedro Almodovar (Qui ne voudrait pas tourner avec ce génie du cinéma?) Et allez, on rêve, pourquoi pas Woody Allen? Je me permets de rajouter une quatrième: c’est quelqu’un que je connais depuis que je suis en France et avec qui je rêve de tourner pour sa sensibilité, pour sa qualité artistique et humaine, pour son engagement social et pour sa belle capacité à raconter. Je rêve de tourner avec Maiwenn.

Propos recueillis par François Mobihan

Photo Le colocataire, un film de Marco Berger, au cinéma en France le 1er juillet 2020. Gaston Re en interview dans WAG, cinéma LGBT
Alfonso Barón & Gaston Re
Photo Le colocataire (Gaston Re & Alfonso Barón ) un film de Marco Berger, au cinéma en France le 1er juillet 2020. Gaston Re en interview dans WAG, cinéma LGBT
Gaston Re & Alfonso Barón