Divine & the Queens / Nantes is DRAG.

Les Divine and the Queens redonnent de la couleur aux soirées Nantaises. Leurs apparitions dans les établissements de la ville exacerbent l’ambiance des lieux, apportent le sourire sur les visages et libèrent le public. Au-delà du show, leur page Facebook informe plus largement sur la culture Drag. Portrait d’un groupe de copains en mode drag et engagés.

Bonjour Les Divine and the Queens, rappelez-nous l’origine de votre groupe et son état d’esprit?
Cette Divine enfant est née un 25 décembre après que Latrine Deneuve ait vu le petit Jesus. Chacun des membres fondateurs de notre collectif est arrivé avec différentes motivations, le militantisme, l’amour du spectacle, la défense de valeurs, la transmission… Toutes ces raisons sont la force de cette formation d’un genre plutôt unique.  Nos aîné(e)s se sont battues pour nos droits, pour des valeurs humanistes, de justice, de liberté, d’amour et de tolérance et nous tentons, autant que possible, de leur faire honneur. Il y a une volonté de transmettre cette histoire, cette culture, le désir de partager et de créer, celui de divertir, ne pas avoir peur d’être grave tout en étant légères et superficielles. L’art du drag permet tout cela. Derrière la plupart de nos créations, se pose toujours la question de la délivrance d’un ­message.

Latrine Deneuve et Sylvia Lovelace des Divine and the Queens à Nantes pour WAG, LGBT
Copyright / Lénaïc Gasquet Mercier


 
Aujourd’hui, pouvez-vous nous dresser le portrait des Queens de Divine?
Latrine Deneuve est une vieille Drag sur le déclin, si tant est qu’elle ait eu une apogée… Issue de la bourgeoisie elle a mal tourné, a abusé de tous les plaisirs, des hommes, des femmes, des légumes et des poignées de porte. Elle a claqué tout son fric en fringues et produit de luxe. C’est la Grand Mother Queen. En fait c’est une vraie poule pondeuse, une sorte de Gremlins. Toutes ses tentatives pour supprimer ses Monster Baby Queens ont été vaines tant elles sont increvables comme elle ! Jamais moins de trois à la fois dans sa tête et en véritable personnage de cartoon, elle se transforme en créature toute droit sortie des toiles de Dali, en bourdon, en Cruella…
 
Sylvia Lovelace est née d’un père inconnu et d’une mère cagole Marseillaise qui s’était expatriée à Miami où elle exerçait en tant que strip-teaseuse et travailleuse du sexe quand elle trouvait des clients qui voulaient bien d’elle. Élevée dans la rue par des prostitué(e)s, des pds, des gouines, des trans, des drags et des loups. Elle a une classe innée(narrable), un goût pour la sobriété (jamais plus de deux bouteilles de champagne par heure), un véritable sens des valeurs (elle ne porte que du toc) et de la classe à la Française (elle rêve d’être ­insti-tutrice).
Aussi douce qu’une pêche, elle peut aussi être une véritable garce (grasse) et une (peau de) vache depuis que son corps s’est déformé suite à son accouchement inopiné d’une petite pétasse prétentieuse dans les toilettes d’une station-service de la Route 66.

Lana Belle Raie Et Faye Men des Divine and the Queens à Nantes pour WAG, LGBT
Copyright / Lénaïc Gasquet Mercier


Lana Belle Raie est l’une des filles de Latrine Deneuve mais, elle aussi, née d’un père inconnu (de nouveaux tests sont régulièrement réalisés au fur et à mesure de la mémoire ­retrouvée de sa mère). On la dit hautaine et mauvaise, mais elle préfère se décrire comme la digne héritière d’Anna Wintour, partageant le même amour pour la haute couture, le fric et les assistantes mais son budget ne lui permet pour le moment de ne ­s’habiller que chez Chamel, Nior et Versachié à Barbès. Le meilleur moyen d’attirer son attention en société est de lui offrir un verre de champagne. Ruinard de préférence. Oui, elle est vénale.

Faye Men est une baby drag. Une sorte de petit poupon en talons. Elle a vu le jour un soir de pleine lune de 2018 (et selon la légende dans les toilettes d’une station-service de la Route 66…) Elle-même militante du milieu LGBTQI+, du féminisme et de bien d’autres combats, elle a été baptisée Faye Men comme un hommage direct aux célèbres opposantes et militantes. Elle se distingue avec son fishy look et sa beauté naturelle (après deux heures de maquillage). Sophistiquée mais élégante, elle aime arborer des looks fashion, haute couture et clinquants. Un standing Balmain avec un budget de Prêt-à- porter…
Pétillante et attrayante, elle saura vous faire aimer la féminité d’un homme.

Nicky Trashy des Divine and the Queens à Nantes pour WAG, LGBT
Copyright / Lénaïc Gasquet Mercier

Nicky Trashy est un personnage mystérieux. Un brin schizophrène et quelques fois hystérique, on ne réussi pas à la cerner et si on essaie, elle pêche dans son cerveau une autre personnalité. Elle aime piquer comme beaucoup de drags. Le fait d’avoir eu des moqueries dans le passé, lui permet de se venger sous sa tenue androgyne. Elle impressionne, mais elle sait reconnaître les bonnes personnes et les aimer, les chouchouter, les peloter….  Adoptée par Divine pour perpétuer le souvenir des aînées qui se sont battues pour faire changer les regards. Elle aimerait que tout le monde pisse et se love!…

Fé-line et Latika Tchou des Divine and the Queens à Nantes pour WAG, LGBT
Copyright / Lénaïc Gasquet Mercier

Féline est une drag qui défend les valeurs LGBTQI+ en s’intronisant dans des soirées accompagnée de ses sœurs, de nature assez sauvage et hautaine elle se cache derrière ses attraits pour ne pas faire voir son cœur d’artichaut. Militante contre toute forme de discrimination jusqu’au bout des cuticules elle ne supporte pas l’intolérance et l’irrespect. Prête à sortir les griffes en cas de situation compliquée elle aime être caressée dans le sens du poil, un coté mangeuse d’hommes, dominatrice… Fé Line mais coquine, Fé line mais toujours Divine (à prononcer avec les deux dents du devant en moins).
 
Latika Tchou est la baby drag de Divines and the Queens, une polypocket avec des faux cils (et des poils).
Son nom provient du film activiste “Slumdog millionaire”, doublé d’une connotation asiatique car elle aime le Japon, sa culture, ses paysages, les cerisiers, les sushis et les carpes Koi. Elle aime les strass, les paillettes, le bling-bling, le vintage et les grosses crinières poilues.
Démesurément peste, elle adore piquer (du menton). Elle aime aussi draguer la foule et danser, chanter, tournoyer jusqu’à en vomir (des paillettes) avec elle.
Grande supportrice de la communauté LGBTQI+ de toutes ses forces, elle aspire à un futur glorieux pour elle, pourquoi pas l’Amérique Guuurl ! Après tout, elle a bien démarré sa carrière à LA… (Loire Atlantique).

Miss Tralala et Arya Shade des Divine and the Queens à Nantes pour WAG, LGBT
Copyright / Lénaïc Gasquet Mercier

Miss Tralala est une véritable adulescente, elle se cherche encore ! Profitant (euse) de son côté « Jean Foutiste » (un très bon ami d’enfance avec qui elle a fait les quatre cents coups) elle dit tout ce qui lui passe par la tête, à la limite du politiquement correct (il faut bien dire qu’elle ne comprend rien à la politique).
Les jetlags réguliers avec Tokyo (où elle voyage régulièrement pour suivre des cours de Geisha) l’empêche d’avancer dans la recherche de sa féminité malgré des tentatives plus ou moins réussies d’être féminine tout en restant camionneur (problèmes de thyroïde depuis l’explosion de Tchernobyl) !
Fille aînée de l’historique et légendaire (fossile) Latrine Deneuve, elle tente de copier ses sœurs… elle tente. Résultat elle passe du gothique raté, à la cagole vulgaire Marseillaise en s’arrêtant par la case Régine, déguisée en Mylène Farmer qui imite Andora ! Elle se dit juste qu’il faut qu’elle se pose un peu plus pour trouver « son style » ! Le Confinement n’ayant pas été suffisant, elle a décidé de se lancer dans l’élevage de Pangolins transgénétiques de Transylvanie, afin de mettre toutes les chances de son côté pour peut-être réussir à trouver sa personnalité lors d’une future confinnade. Elle aime les gens, mais ils ne savent pas lui rendre !
 
Arya Shade est une extension de Clément, son hôte. Rêveuse et tête en l’air, elle se voit déjà pousser la chansonnette tel une pop star drag (si son miroir de chambre pouvait parler…) (celui du mur, pas du plafond). Elle est aussi douce et bienveillante (tel un furet en pull marine lavé avec Mir Laine), elle aime se faire remarquer et faire tourner les têtes malgré sa discrétion (où et-elle ?). Militante, elle aime se tremper (5 fois première dauphine de miss tee-shirt mouillé de Gratouille-les-Aigrelettes) et fait de l’égalité son combat.

Que pensez-vous du succès de la scène Drag actuellement?
C’est cool car le phénomène drag se fait plus présent, mais cela perd aussi en militantisme queer et LGBTQI+. Certaines drags sur Instagram identifient dix mille marques de cosmétiques sur leurs posts, réduisant parfois les drags à des objets de pub au lieu d’être des avant-postes de la visibilité de la cause LGBTQI+ et Queer. Si l’argent est utilisé pour avoir plus de pouvoir de communication et d’influence alors pourquoi pas… tout dépend de l’usage qui en est fait et de la motivation…
Le succès c’est bien mais il peut être éphémère. Il faut savoir prendre le virage, sentir les changements. Le mouvement des drags a déjà connu des hauts et des bas en termes de notoriété (au-delà du milieu LGBTQI+ et même au sein de notre communauté). Il faut profiter de cette visibilité actuelle pour porter les couleurs de cette communauté et faire progresser les mentalités et les droits. Certaines Drags resteront si leur motivation ne se réduit pas qu’au plaisir de briller et d’être sous les feux des projecteurs. C’était un mode d’expression pour certaines, un art underground qui est devenu mainstream pour, au final, être tout simplement un art, un art de vivre.
Le Drag est complètement intégré à la culture anglo-saxonne. Il est partout, dans la musique, la mode, la photographie, la télévision, le cinéma… Il fut une mode dans les années 90 en France. Latrine, qui a connu les deux époques, perçoit une plus grande appropriation culturelle au sein de la jeune génération, qu’elle soit LGBTQI ou hétérosexuelle. La binarité sexuelle et identitaire paraît dépassée chez les jeunes et les Drags contribuent à ce phénomène.
Malheureusement, certaines jeunes drags oublient parfois ce qu’elles doivent à leurs aînées! Ce n’est heureusement pas le cas au sein de notre famille!  

Le Clip des Divine and the Queens

Quand on est drag, quel regard porte-t-on sur la scène LGBT d’aujourd’hui? D’après vous, quels sont les différentes attentes du public LGBT?
La scène LGBT est plutôt visible aux États-Unis ou au Brésil. À part quelques artistes français renommés qui assument et contribuent à notre visibilité. Il existe une grande « variété » de drags, certaines plus mainstream et d’autres plus alternatives. C’est plutôt cool toute cette diversité de culture, chacun y trouve son bonheur!
Concernant les attentes du public LGBTQI+, difficile de parler en son nom d’autant plus que les attentes sont variées et singulières. Beaucoup apprécient notre esprit camp, accessibles et pas hautaines même si de temps en temps ont fait nos Queens…Le public comprend que c’est un jeu. Ils veulent du rire, de la joie, du divertissement …des shows…mais certains apprécient aussi le côté militant.
En tout cas, nous commençons à avoir de nombreux supporters et même des fans…ce qui nous a un peu surpris au début parce que nous sommes un collectif amateur…Mais c’est hyper touchant de voir toutes ces personnes nous suivre, nous soutenir! on partage de beaux moments avec elles (car il y a beaucoup de filles qui nous suivent) et eux! Des jeunes également! Du coup, ils nous donnent encore plus envie de continuer et de progresser. Pour cela, nous avons aussi besoin de nouveaux talents pour être drag ou pour nous aider à réaliser nos projets, à nous diversifier, évoluer et explorer plein d’univers artistiques différents ! Si dans les lecteurs du Wag, il y a des personnes intéressées et talent-tueuses, on est ouvertes ! Venez, on ne bouffe personne! (à part les haineux et les intolérants!)

Quels sont vos projets à venir?
Il y a en ce moment une exposition d’art au Kaleidoscope à Nantes. Les toiles sont des reproductions ou des inspirations de toiles de maître mais avec les Queens! Elles seront vendues aux enchères le samedi 12 septembre au profit du Kaleidoscope afin de soutenir le bar après cette période très difficile, ainsi que le service d’infectiologie du CHU de Nantes, service qui s’est illustré dans la lutte contre la Covid-19 mais aussi contre le VIH.
Nous avons également énormément d’idées et de projets en développement, dont certains ont dû être reportés à cause de la situation sanitaire mais nous sommes confiants quant à leur tenue dans un futur très proche. Une troisième édition de notre Clubbing-Show “Drag With Me” par exemple, dont les deux premières successivement au CO2 puis à La Java ont été d’énormes succès! Nous avons vraiment hâte de retrouver la scène et le public!

Pub pour le bar le Kéléidoscope à Nantes , Vente aux enchères tableaux des Divive and the Queens. Le K, Nantes , BAR LGBT, gay, WAG
RDV le 12 septembre 2020 AU K pour la vente aux enchères.

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