Des réponses à vos questions sur la PrEP !

Notre communauté sait à quel point la lutte contre le VIH a accompagné son évolution tout au long de ces dernières décennies. Aujourd’hui la notion de ­prévention contre le VIH a évolué, elle aussi. Les plus jeunes générations ne peuvent avoir les mêmes réflexes que les plus âgées en matière de prévention face à une épidémie qui, pour elles, n’a pas de visage concret. Chez les plus âgés, la lassitude d’un horizon sans VIH, toujours repoussée, fait que souvent la prévention classique est devenue plus chaotique.
Depuis quelques années, la PrEP fait partie des outils de prévention. La PrEP, c’est l’abréviation de Prophylaxie Pré-Exposition (ou ­Pre-Exposure Prohylaxis en anglais). À l’heure où celle-ci est désormais ­disponible par le biais des médecins de ville, il nous a semblé intéressant de faire un point PrEP avec les ­réponses de Nicolas Etien, chargé de mission en prévention et promotion de la santé sexuelle à Santé publique France.

Renseignez-vous sur la prévention du VIH avec la PrEP, disponible en France, largement plébiscitée par le public gay.
VIH prévention, la PrEP

Bonjour, pour reprendre le sujet au début qu’entend-on par PrEP, quelle est sa forme et son schéma de prise?

Actuellement, la PrEP est un traitement sous forme d’un comprimé combinant deux antirétroviraux. Le comprimé doit se prendre une fois par jour, tous les jours à la même heure, de préférence en mangeant un peu.
Pour démarrer la PrEP, si on est un homme cis, il faut prendre 2 comprimés en même temps, entre 2h et 24h avant le rapport sexuel. Pour arrêter la PrEP, il faut la prendre encore deux fois, après le dernier rapport sexuel.
Pour les hommes trans et les femmes, on démarre la PrEP par une prise quotidienne durant 7 jours avant le premier rapport sexuel et on arrête avec encore 7 jours de prises quotidiennes après le dernier rapport sexuel.
La période pendant laquelle on protège ses rapports avec une prise par jour peut varier pour chacun. Certaines ­personnes vont vouloir prendre la PrEP que le weekend par exemple alors que d’autres peuvent la prendre en ­permanence.
D’autres formes de PrEP devraient arriver dans le futur pour apporter plus de choix à chacun.

Quelle est la différence dans l’accès à la PrEP depuis cet été 2021?

Jusqu’à cet été, la PrEP ne pouvait être initiée que dans le cadre d’une ­consultation spécialisée, par exemple à l’hôpital ou dans un centre de dépistage. Avec des délais ­parfois longs pour obtenir un rendez-vous. Depuis le mois de juin, les médecins généralistes peuvent initier le traitement. Cela offre ainsi plus de possibilités et de souplesse pour les ­personnes souhaitant se protéger du VIH.
Par ailleurs, la PrEP était au début recommandée ­uniquement pour les personnes les plus exposées au VIH. Les critères ont été simplifiés et tous les hommes ­séronégatifs qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes peuvent désormais bénéficier de la PrEP.

Pourquoi est-il important de discuter avec un médecin des bénéfices, pour le sujet, de la prise de la PrEP?
Dans notre culture, la médecine est avant tout curative. Les gens ont peu l’habitude de voir leur médecin de manière préventive. Alors que c’est une excellente idée pour rester en bonne santé. Et, sur le VIH, il y a encore beaucoup d’incompréhension et de mythes à ­déconstruire. En parler avec son médecin permet parfois de mieux comprendre son exposition au VIH et aux IST (infections sexuellement transmissibles) et de bien ­s’approprier la PrEP. Je tiens à rappeler que la PrEP est très efficace mais qu’elle ne protège que lorsqu’on la prend, il est donc important de bien se l’approprier.

prévention du VIH en France à l'aide de la PrEP, disponible désormais via votre médecin traitant.
Qu’est-ce que la PrEP?

À quoi va servir le suivi médical qui va accompagner la prise de la PrEP?

Une ordonnance de PrEP n’est valable que pour trois mois de traitement en prise quotidienne. Il est donc nécessaire de retourner voir son médecin pour renouveler ­l’ordonnance.
À cette occasion, le médecin va prescrire des dépistages du VIH et des autres IST. La PrEP est effectivement ­réservée aux personnes séronégatives. En cas d’infection par le VIH il est nécessaire d’être diagnostiqué rapidement pour bénéficier d’un traitement adapté.
Quant aux IST, elles sont difficiles à éviter lorsqu’on a ­plusieurs partenaires, même si le préservatif réduit ­grandement l’exposition. Et la plupart du temps, les IST n’ont pas de symptôme. Le dépistage régulier est donc la meilleure solution pour savoir si on est infecté ou non et pour avoir un traitement quand il le faut.
Il y a également une surveillance de la fonction rénale pour s’assurer que le médicament est bien toléré.

Il y a -t-il des contres indications, et des effets ­secondaires lorsqu’on utilise la PrEP dans son ­modèle de prévention du VIH?
Les médicaments que l’on utilise actuellement en PrEP sont connus dans d’autres indications depuis plus de 20 ans. Nous avons donc un très bon recul sur ses effets secondaires, y compris à long terme.
Pour les personnes ayant une insuffisance rénale, la prise de PrEP peut l’aggraver. C’est pour cela que la fonction rénale est testée avant la prescription du traitement, puis vérifiée régulièrement. Heureusement, en cas de ­problème, les effets sont réversibles à l’arrêt de la PrEP.
Pour certaines personnes, les premières prises de PrEP peuvent également provoquer des dérangements ­intestinaux, voir des nausées, de la fatigue et une baisse de la libido. Ce n’est pas systématique et disparait une fois que l’organisme est habitué au traitement.

Quel est le niveau de protection de la PrEP dans les essais à ce jour, et y a-t-il une différence avec ce qui ressort de son usage dans la vraie vie?

Dans les premières études sur la PrEP en Europe, nous avions constaté une efficacité de 86%. Les cas d’échec correspondant à des personnes qui ont été infectées parce qu’elles ne prenaient pas, ou plus, le traitement. Chez les personnes observantes, c’est-à-dire qui prennent le traitement selon la prescription, l’efficacité est bien supérieure. Les premiers résultats de l’étude Prévenir constataient 0 infection chez les personnes observantes.
Dans la vraie vie, le résultat est plus mitigé et des ­personnes sont contaminées parce qu’elles ne prennent pas la PrEP avec tous leurs partenaires, ou parce qu’elles ont arrêté le traitement à un moment donné.

La PrEP permet d'éviter la contamination du VIH. parlez-en à votre médecin traitant.
La PrEP une arme dans la prévention du VIH

Connait-on l’impact de la PrEP, aujourd’hui, sur les contaminations en France ou à l’étranger?

On observe en France un recul des nouveaux diagnostics VIH chez les hommes gays et bisexuels. Ce recul correspond en partie à une forte augmentation du recours à la PrEP, mais aussi à une augmentation du ­dépistage qui permet de ­diagnostiquer plus vite les ­personnes infectées pour leur donner un traitement (le ­traitement du VIH permet de ­rétablir la bonne santé des ­personnes et empêche la ­transmission du virus).
Des centres de santé ­communautaires, comme le 190 à Paris ou Dean Street à Londres, ont constaté un ­effondrement des contaminations dans leur patientèle, directement lié à la montée en puissance de la PrEP. Des territoires ayant une politique PrEP très volontariste, comme San Francisco, ont également faits des constats similaires.

La crise du Covid a t-elle eu un impact sur la ­prévention, les dépistages ou la prescription de la PrEP?

Effectivement, la crise sanitaire et les confinements ont mis un frein aux initiations de PrEP et un trop grand ­nombre de prépeurs ont cessé de la prendre. Comme les dépistages ont également chuté en 2020 nous avons du mal à estimer l’impact réel sur l’épidémie. La crise ­sanitaire est intervenue alors que nous étions dans une dynamique positive (augmentation de l’usage de la PreP, augmentation du dépistage). Il faut retrouver cette ­dynamique d’avant crise. Le travail de rattrapage est important mais nous avons toujours comme objectif de mettre fin à l’épidémie d’ici 2030.

Plus d’informations: www.sexosafe.frwww.sida-info-service.org