Autre Cercle: La référence en management de la diversité…

Du monde associatif LGBT+, vous connaissez les centres LGBT+, les associations de loisirs, de sports… Il existe un autre domaine qui occupe une large part de notre vie, c’est celui du travail. Il ne faut pas croire que notre vie professionnelle est totalement détachée des questions qui touchent les LGBT+, bien au contraire. Se sentir à l’aise dans sa vie, c’est aussi se sentir bien dans son univers professionnel. Depuis 1997, L’Autre Cercle est l’acteur français de référence de la promotion de l’inclusion des ­personnes LGBT+ au travail. Outre sa vocation d’observatoire, ses missions sont ­d’accompagner les organisations et de promouvoir les bonnes pratiques. Début 2021, ­l’association fédère plus de 160 ­organisations publiques et privées ­signataires de la Charte d’Engagement LGBT+, réunissant 1,5 million de salarié·e·s et agent·e·s.

Jean Luc Ricaud , Président de l’Autre Cercle Pays de Loire et administrateur Fédéral. Interview dans WAG magazine, le magazine LGBT de la côte Ouest en france.
Jean Luc Ricaud , Président de l’Autre Cercle Pays de Loire et administrateur Fédéral.

Bonjour Jean-Luc, à l’heure de la rentrée, il nous semble opportun de faire un point pour présenter L’Autre Cercle à notre lectorat. Peux-tu revenir, pour nous, sur l’origine de l’association et son fonctionnement, à la fois national et régional, c’est bien cela?
L’Autre Cercle a plus de 20 ans et les fondateurs sont ­partis du constat que dans le monde du travail il y avait un manque flagrant de diversité, ou du moins que la question de l’inclusion des minorités telles que les personnes LGBT n’était absolument pas prise en compte et que ces ­minorités subissaient de véritables discriminations. Au regard du temps que chacun.e passe à son travail, son implication et le besoin d’un cadre bienveillant, nous ne pouvions pas faire l’économie d’un engagement en faveur du respect des différences et de la singularité en créant un environnement inclusif et protecteur pour les personnes LGBT.
Sur la question de son organisation, l’Autre Cercle est une fédération d’associations ou de délégations régionales. Il y a un portage de projets nationaux déclinés en régions, mais aussi des spécificités de travail, de partenariat, de projets en lien avec le contexte local. Pour tous, il s’agira d’observer, de sensibiliser et de former sur les questions d’inclusion, de diversité et de montrer tout le bénéfice que peut en tirer le collectif de travail. D’ailleurs depuis quelques années on voit se développer dans les ­entreprises, au sein des collectivités, des services de la diversité et des élus engagés sur ces questions.

Au-delà de la partie commune au niveau national, chaque région développe ses propres projets. Je crois savoir qu’en Pays de Loire, l’équipe de l’Autre Cercle a élaboré un jeu de société intitulé “Assez“. Son but est de sensibiliser sur la question des LGBTphobies ordinaires dans le monde du travail. Peux-tu nous expliquer sa genèse et son fonctionnement?
En effet, au-delà de l’ensemble des travaux que vos ­lectrices et lecteurs pourront retrouver sur le site national, l’Autre Cercle Pays de la Loire a souhaité se doter d’un nouvel outil simple, transférable et facilement appropriable par les participant.e.s. Il s’agit d’un jeu de plateau ­représentant différents espaces de travail, croisé avec des situations de LGBTphobie ordinaire. Les partipant.e.s pourront identifier des situations et trouver, grâce à des cartes ressources (acteurs potentiellement impliqués dans le traitement de la situation), des pistes de résolutions. Les séquences d’animations permettent d’envisager des situations du quotidien réalistes et d’impliquer les joueurs dans la recherche de solutions et la prise de conscience de comportements inappropriés. La création de ce jeu est le fruit d’un travail collectif de notre équipe, mené avec l’aide de Gaël Guilloux, designer, porteur de ce projet qui se conjugue au désir d’adapter et de diversifier nos modes ­d’interventions.
Largement utilisé, on peut dire, qu’à ce jour, il répond bien à nos attentes et aux besoins des organismes qui l’ont sollicité.

Jeu de société sur les situations de LGBTphobie dans le monde du travail. Jeu réalisé apr l'association l'Autre Cercle France
Jeu ASSEZ par l’Autre Cercle

L’autre Cercle, c’est aussi des partenariats qui se ­mettent en place avec des entreprises du privé, des ­institutions publiques, des syndicats. As-tu quelques exemples à nous donner et quel est l’aboutissement de ces partenariats?
Au niveau national, nous avons plus de 160 partenaires, privés ou publics, qui ont signé la Charte de l’Autre Cercle pour le respect des droits des personnes LGBT et du développement des politiques de diversité dans ­l’entreprise. D’autres partenaires ne l’ont pas signée, mais sont tout aussi actifs sur ces questions.
En région Pays de la Loire nous avons, à partir de séances de sensibilisations, d’animations du jeu, d’expos, BD, tables rondes, construit des partenariats avec la ­collectivité de Nantes Métropole (en construction avec d’autres collectivités…), des entreprises comme Accenture, Onepoint, Total, AXA, IKEA, Allianz, des organisations professionnelles CFE CGC, CFDT, des grandes Ecoles Audencia, Ecole Centrale, IMT atlantique, des Clubs d’entreprise FACE, Entreprendre dans la cité… Nous pourrions multiplier les exemples. L’important est de savoir que chaque acteur, organisme, développe des actions qui doivent améliorer la vie des salarié.e.s, des étudiant.e.s, des professionnel.le.s et que, par capillarité, on peut espérer que les effets escomptés iront bien au-delà des personnes rencontrées. Lors de nos interventions avec des professionnels de différents secteurs, les questions dépassent parfois le périmètre du monde du travail. Les LGBTphobies peuvent être associées au cercle familial, amical avec la crainte que l’individu ne puisse pas s’épanouir dans notre société, qu’il ne lui arrive quelque chose.

BD avec le soutien de TOTAL , lors de la signature de la charte LGBT dans le monde du travail.
BD avec le soutien de TOTAL / lors de la signature de la charte LGBT

Il est bon d’insister sur un point, en préparant ce ­questionnaire, tu nous as précisé que le but de l’Autre Cercle est d’apporter des éléments de réflexions aux débats, en aucun cas de dicter ou imposer. Comment développer cette idée?
Nous sommes là pour susciter la réflexion et l’intérêt, la prise de conscience qu’un collectif de travail opérant est un collectif où tout le monde trouve sa place, sans mentir sur ce qu’elle/il est vraiment dans sa singularité, sans crainte. Imaginez, le lundi matin, les conversations autour de la machine à café ou il faut s’inventer une vie, un week-end imaginaire par peur d’être discriminé, c’est invivable, c’est destructeur.
C’est pour cela que nous proposons des actions sur mesure, en fonction des besoins identifiés, qui peuvent aller du diagnostic, en passant par une sensibilisation, à une ­formation. En général, cette dernière s’inscrit dans le plan de formation de l’organisme.
Faire prendre conscience de l’intérêt du bien-être du ­salarié, et de son impact dans le fonctionnement de ­l’entreprise privée ou publique, il n’y a pas de différence. Malgré tout, nos arguments doivent être percutants et nos propositions réalistes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous avions ­commandé un sondage auprès de l’IFOP pour la 2e fois en 2019, publié en 2020 (que l’on trouve sur notre site) indiquant un état de situation des personnes LGBT à ­partir d’un panel de 16000 personnes, dont seulement une ­partie est LGBT. Sans rentrer dans tous les détails, quelques tendances:1 personne sur 4 a été victime d’une agression LGBTphobe dans son entreprise, seule 1 ­personne LGBT sur 2 est visible dans son entreprise, 41% des employé.e.s entendent des expressions LGBTphobes dans leur organisme etc. Pour finir, 6 employé.e.s sur 10 citent la sensibilisation de ­l’encadrement et de l’ensemble du personnel comme action ­prioritaire pour améliorer l’inclusion des personnes LGBT.

Présentation de la charte de l'Autre Cercle, pour lutter contre les LGBTphobies dans le monde du travail.
Présentation de la charte de l’Autre Cercle

Au mois d’octobre se profile un moment important de la vie de l’Autre Cercle. Ce sera l‘heure de la ­cérémonie des rôles Modèles, 2e du nom. De quoi ­s’agit-il? Et quel est l’objectif de cette mise en avant d’hommes et de femmes du monde du travail?
Oui, le 12 octobre, se déroulera cette cérémonie au siège régional de la Banque Populaire Grand Ouest. Il s’agira de mettre en valeur l’engagement de personnes LGBT, ou allié.e.s, au sein de leur organisation comme cadre, ­manager, leader, personne visible ou porteuse de projets de changements. Ces personnes, Rôles modèles, ­affichent leur volonté de voir s’améliorer les choses et le ­mettent en actes. Par leur pratique professionnelle ou leur visibilité, elles permettent d’aborder la question d’une meilleure inclusion des personnes LGBT au travail. La question des allié.e.s (personnes non LGBT) est ­particulièrement intéressante, puisqu’il s’agit d’un ­engagement en faveur d’un collectif incluant des ­personnes qui n’ont pas la même orientation sexuelle ou identité de genre qu’elles. Peut-on parler d’engagement ­“désintéressé“ au sens où cela ne les implique pas ­personnellement?
De toutes les façons, cette cérémonie met en lumière la mobilisation d’actrices et d’acteurs du monde du travail, et permet à d’autres, par la communication qui en est faite, de s’autoriser à s’engager ou à se rendre visible. ­­La ­question de la lutte contre les discriminations est l’affaire de tou.t.e.s.

la cérémonie des rôles modèles 2021
Les Rôles Modèles / octobre 2021

Aujourd’hui, à la lecture de cette interview, certains se sentent concernés par les actions de l’Autre Cercle, qui peut rejoindre votre association, quelle est dans ce cas la démarche à suivre?
Bien sûr, nous avons besoin du soutien d’un maximum de personnes. Merci de nous donner l’occasion d’expliquer ce que notre association défend comme valeurs, et met en place comme actions. Nous recherchons en permanence des bénévoles et, pas de crainte, chacun.e peut trouver sa place en fonction de ses envies, de ses compétences ou de ses disponibilités. Il y a souvent un peu de retenue à aller s’impliquer dans une association, mais cela peut se faire à des niveaux différents, si l’on est visible, si l’on a du temps, si l’on peut soutenir sur le plan matériel, financier, mettre à disposition ses compétences, participer à ­l’élaboration des projets, faire vivre le collectif ou tout ­simplement parler de l’association et de ce qu’elle fait. Des formations sont proposées régulièrement à nos ­adhérent.e.s pour faciliter leur implication. Il ne faut pas oublier la convivialité qui fait partie ­intégrante de la vie associative. Différentes ­catégories socio-professionnelles sont ­représentées. Il n’y a pas que des cadres, et la chaine est complète puisque l’on trouve aussi des ­étudiant.e.s et des retraité.e.s.
J’ai beaucoup appris par l’association, ne serait-ce que sur l’organisation du travail dans certains ­secteurs, sur les problématiques spécifiques et ­l’évolution de notre société ces 20 dernières années avec un effet balancier, sur ­l’avancée des droits pour les personnes LGBT et en même temps sur la tentation de rogner ces droits, voire de les renvoyer au placard.
En région un certain nombre de chantiers nous ­attendent à la rentrée, la création d’une nouvelle Expo, un travail sur le vieillir LGBT et le risque d’invisibilisation….et de ­nouvelles interventions.
Alors n’hésitez pas à vous informer, à nous rejoindre, à nous contacter par mail.
info.paysdelaloire@autrecercle.org
www.autrecercle.org