Le Colocataire ( Un Rubio) , un film de Marco Berger.

L’histoire :
Juan doit vite trouver un colocataire après le départ de son frère. C’est finalement Gabriel, son collègue charmant et taciturne, qui emménage. Ce qui débute comme un arrangement innocent se transforme rapidement en attraction naissante, puis en passion…
Wag aime le cinéma argentin et la thématique LGBT vu par ses cinéastes. Le Colocataire est un concentré de désirs masculins. L’intensité de cette relation qui semble obligatoire entre Juan et Gabriel transpire à l’écran et nous emporte comme des témoins privilégiés tout au long de l’histoire de ces deux hommes ordinaires.
Marco Berger est un réalisateur spécialiste des atmosphères gay dans ses films. Son premier court- métrage, El Reloj a été sélectionné en compétition aux Festival de Cannes et Sundance. Son premier long-métrage, Plan B, lui permet de se faire remarquer et devient une référence du cinéma LGBT mondial. Son deuxième film, Absent, remporte le Teddy Award à la Berlinale de 2011. Après Hawai, son troisième film, il présente Butterfly à la Berlinale et gagne le prix Sebastiane au festival de San Sebastian. Taekwondo, son cinquième film, remporte un Sunny Bunny Award au Molodist Film Festival. Trois fois nominé, Marco Berger gagne le prix prestigieux Silver Condor Award en Argentine. Le Colocataire, son sixième long- métrage, a fait sa première mondiale au Queer Screen Mardi Gras Film Festival de Sydney en février 2019. Son nouveau projet, El Cazador, vient d’être présenté au festival de Rotterdam.
Au cinama : dès la réouverture des salles après la crise COVID-19 ( la sortie initiale était prévu en avril 2020)
2019 – ARGENTINE – 111 MIN – NUMÉRIQUE – COULEUR – 1.85
Le Colocataire est vivement recommandé par WAG.

Questions à Marco Berger , le réalisateur
EST-CE QUE VOUS POUVEZ NOUS RACONTER LA GENÈSE DU PROJET ?
Gaston Re et moi sommes devenus de très bons amis pendant le tournage de mon dernier film, Taekwondo. Après cela, nous avons voyagé, nous sommes partis en vacance ensemble afin de renforcer nos liens. Nous nous étions rencontré dans le cours d’art dramatique que je dirige en Argentine, j’y forme des comédiens pour le cinéma. Taekwondo étant un film indépendant, le moyen de payer les acteurs était de leur donner une place dans mon école. Quand Gaston s’est présenté, j’ai immédiatement réalisé qu’il était formidablement talentueux. Je lui ai dit qu’il fallait faire un film pour montrer ses capacités comme acteur. C’est ainsi que le projet a été développé. Dans un premier temps, nous avons construit le personnage et puis le scénario autour de lui.
COMMENT AVEZ-VOUS FAIT POUR CRÉER CETTE ALCHIMIE PALPABLE ENTRE LES ACTEURS PRINCIPAUX ?
Tout d’abord, il faut voir s’ils fonctionnent bien ensemble, si on les aime quand on les voit. Nous avons fait des essais et Alfonso Barón s’est imposé pour jouer aux côtés de Gaston. Le Colocataire repose en grande partie sur l’association des deux acteurs principaux. Ensuite le scénario devait être suffisamment fort pour qu’ils puissent s’épanouir à l’écran, et fournir la matière pour qu’ils aient quelque chose à défendre. Ils sont tous les deux très professionnels et ont compris qu’ils devaient se connecter, s’embrasser, être nus sans que cela soit un problème.

LE DÉSIR EST UN THÈME RÉCURRENT VOIR CENTRAL DE VOS FILMS ET IL EST SOUVENT RÉPRIMÉ, POURQUOI ?
Je pense que le désir est ce qui fait bouger l’humanité. C’est ce qui nous a fait construire des villes et développer des technologies. Dans mes films, je l’utilise comme moteur pour raconter des histoires. Cela peut souvent être un désir qui n’est pas exprimé, mais il est présent de toute façon. C’est là l’avantage du cinéma. Le désir peut être caché par les personnages, mais il n’est jamais caché au public.
EST-CE QU’ON PEUT PENSER QUE LES PERSONNAGES RÉPRIMENT LEUR HOMOSEXUALITÉ POUR DES RAISONS SOCIALES ?
En Argentine, comme dans beaucoup d’autres pays, la façon la plus simple d’être gay est d’être de la classe moyenne. Dans la classe ouvrière, il y a beaucoup de machisme. Ça évolue peu à peu mais ce n’est pas facile. Dans la bourgeoisie, les parents attendent des hommes un certain comportement, qu’ils prennent la suite du père où choisissent une certaine voie. Je dirais que c’est plus facile quand on se situe au milieu. Si vous vivez dans une grande ville comme Buenos Aires et que vous venez de la classe moyenne, personne ne se soucie de votre sexualité. Et vous avez la possibilité d’être médecin ou artiste, de prendre vos propres décisions.

Quand on est pauvre, on ne peut pas toujours terminer ses études ou faire un travail qu’on aime vraiment. On est obligé de faire des choses qu’on ne veut pas forcément, comme fonder une famille, avoir des enfants… Si on ne peut pas choisir notre travail, comment choisir notre façon d’être ?
Pour beaucoup de jeunes qui se construisent, être homosexuel est synonyme de peur, à l’école on se fait traiter de pédé (maricon en espagnol), ce qui signifie « celui qui a peur ». Pour éviter de renvoyer une image faible, beau- coup de jeunes préfèrent se revendiquer hétérosexuels et rester cachés : ils ne veulent pas être perçus comme fragiles dans une société machiste. Donc, on ne pense jamais qu’être gay puisse signifier être un gars ordinaire.